Lilypie L'attente Ticker

mardi 4 novembre 2008

un article trouvé sur le net...

Voici un article publié dans Marianne 2, que je viens de decouvrir sur le net... C'est bien pensé, bien écrit. C'est beau. Très belle réflexion sur la parentalité.

Parentalité biologique ou parentalité adoptive
Par Anne-L. Recrosio, 42 ans, 2 enfants, infirmière, Colmar. Qu'est-ce qu'être parent ? La question est d'importance à notre époque où avoir des enfants n'est plus une chance mais un droit.
Grâce à la contraception, il est maintenant possible de choisir quand avoir cet enfant. Comme on programme une sortie ou bien des vacances. Seulement, parfois, l'enfant se fait attendre ou, au contraire, vient au mauvais moment, et c'est le drame. Lorsque l'enfant n'arrive pas dès l'arrêt de la contraception, la femme se précipite chez son gynécologue et ne comprend pas quand il lui dit qu'il faut attendre 2 ans avant de commencer les examens. Et quand, finalement, le couple en arrive là, beaucoup d'hommes ne comprennent pas pourquoi eux aussi doivent être testés. Et pourtant, dans 50% des cas, le problème vient d'eux. Dans mon cas, c'est un peu différent, car ma mère ayant eu elle-même des problèmes, j'étais inconsciemment préparée à en avoir, et mon premier traitement date du lycée. Par contre, certains gynécologues ont joué aux apprentis sorciers avec moi, et le jour où je suis tombée sur un bon professionnel, il s'est arraché les cheveux en apprenant tout ce que j'avais subi alors même que je n'étais pas en couple. Et lorsque j'ai rencontré mon mari et que le sujet « enfant » à été abordé, sa réaction a été formidable, sa réponse étant : « Si nous n'arrivons pas à les faire, nous les prendrons tout fait, je ne veux pas que tu subissent encore de nouveaux traitements ». Au contraire, quand l'enfant vient sans être désiré, nous avons tous les cas de figure. Les parents qui assument et se réjouissent de cette surprise, ceux qui ont recourt à l'avortement, et, dans les cas extrêmes, l'infanticide. La majorité des gens croient que le plus dur c'est de ne pas être enceinte, et de ne pas avoir d'enfant « de son sang » mais c'est faux, du moins en ce qui me concerne. Le plus dur à vivre, c'est de devoir tout justifier. Notre désir d'enfant, nos revenus, notre moralité, notre équilibre affectif, psychologique, professionnel (…). Heureusement, nous avons eu la chance de toujours rencontrer des professionnels corrects, mais ce n'est pas le cas de tous. Et après, il faut encore trouver l'enfant, et là c'est le plus dur. C'est bien simple, nous ne voulons plus entendre parler des œuvres. J'ai tout entendu : a) Nous voulons des parents jeunes pour nos enfants (à l'époque, nous avions 32 et 37 ans) b) Vous êtes infirmière, vous devez prendre un handicapé c) Vous ne gagnez pas assez (et pourtant, nous gagnons trop pour toucher la prime d'adoption) d) Nous voulons un foyer stable pour nos enfants (eh oui, nous avons dû déménager pour des raisons professionnelles) e)...et j'en passe Nous avons eu la chance de réussir à mener à terme deux adoptions, et mes fils je les ai portés dans mon cœur à défaut de mon ventre et je n'ai pas l'impression d'être une mère au rabais ou différente, sauf dans le regard des autres. Je me rappelle qu'il y a 5 ans, une fillette d'environ 10 ans m'a demandé si j'étais « la vraie maman » de mon fils. J'ai très bien compris ce qu'elle voulait dire, et j'ai chercher à lui faire dire « a-t-il été adopté ? ». Mais elle n'a pas voulu et a demandé « comment est votre mari ? ». Alors , je lui ai dit de demander à mon fils (âgé de 6 ans à l'époque et conscient de son histoire) et celui-ci l'a regardée et a répondu: « Mon papa, il est grand, il est fort, il est costaud ». Du coup, elle est partie persuadée que mon mari est noir. Alors, quand j'entends aux informations que des enfants ont été tués par leur(s) propre(s) parent(s), j'ai l'impression d'étouffer. Donner la vie est une chance, un cadeau du ciel, et j'ai l'impression que dans notre société, l'enfant est devenu un bien de consommation comme un autre, et dans ce cas, il doit être parfait, venir quand on en a envie, et ne pas déranger. Seulement voilà, un enfant n'est pas une poupée. C'est un être à part entière, avec sa personnalité propre, ses goûts, ses désirs, ses capacités, ses défauts aussi. L'enfant rêvé n'existe pas, qu'il soit biologique ou adopté, aucun enfant ne sera comme il a été imaginé par ses parents. Vous vouliez une fille, ce sera un garçon ; vous le vouliez blond, il sera brun ; vous le vouliez grand et svelte, il sera petit et rond ; vous le vouliez sportif, il sera artiste ; vous le vouliez ingénieur, il sera artisan... Il n'y a aucune différence entre des parents biologiques et des parents adoptifs, si ce n'est que dans le premier cas, c'est beaucoup plus facile de le devenir que dans l'autre. Et je voudrais que tous ceux qui sont dans ce cas prennent conscience de la chance qu'ils ont et ne la gâchent pas. Et si un jour, un enfant s'annonce alors qu'il n'était pas « programmé », ou qu'il n'est pas « conforme » (sexe différent…), j'espère qu'ils sauront écouter leur cœur et prendront la bonne décision. Mais je souhaite aussi que tous les enfants adoptés prennent conscience du fait qu'ils ont toujours été désirés, si ce n'est par leurs parents biologiques, du moins par leurs parents adoptifs, et que pour se construire ils doivent regarder devant et non derrière. Lorsqu'un enfant est adoptable, c'est que ses parents n'ont pas pu ou pas voulu assumer leurs responsabilités. Et il n'a rien à regretter, car il ne porte aucune responsabilité de cette situation et il n'est coupable de rien. Ses parents, ce sont ceux qui l'aiment, qui l'emmènent à l'école, qui le nourrissent, qui le soignent, qui le grondent si besoin, bref qui l'aident à grandir et devenir adulte. Et c'est tout ce que je demande à mes fils, qu'ils deviennent des adultes heureux et responsables.
Jeudi 02 Novembre 2006 - 18:01
Anne-L. Recrosio
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